Annonces et sermon dimanche 26 avril

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Mes biens chers amis,

Les temps ne sont faciles pour personne. Pour les prêtres aussi. Et sans doute plus encore pour les séminaristes ou ceux qui se sentent appelés.

Il ne m’appartient pas de dire si ce confinement est justifié ou non. Il est, et nous devons les respecter. Cependant, comme en toute situation, imprévue ou exceptionnelle, heureuse ou malheureuse, nous devons garder ce désir de sainteté, nous devons rester libres, nous devons agir selon notre conscience, dans le respect du bien commun.

Ce confinement implique des contraintes physiques. C’est pénible mais c’est aussi salutaire pour un grand nombre. Notre agir sacerdotal est ainsi limité. Ce n’est pas grave.

Ce confinement engendre la peur, une peur aggravée par la pression sociale et médiatique. Notre raison d’être sacerdotal est perturbée. Cela peut être plus grave.

Ce dimanche du Bon Pasteur tombe à point, pour rappeler aux prêtres, aux séminaristes mais aussi aux fidèles, la raison d’être du sacerdoce catholique.

En ce jour, je pense à Saint Pierre dont nous venons d’entendre un passage d’épître ou au bienheureux Karl Leisner. Parmi tant d’exemples, ils furent des prêtres vrais, des bons pasteurs, qui ont connu un confinement très dur, mais qui ont su à rester spirituellement « déconfinés ».

Pourquoi ? Parce qu’ils ont compris une chose, comme tant d’autres : au Cénacle ou à Dachau, l’ordination les a fait prêtres pour l’Eternité. Un instant pour toujours. Ensuite, ils ont cherché en toutes circonstances, que leurs âmes brillent du feu de la vraie charité, celle de l’Alter Christus, prêtre et Bon Pasteur. Celui qui donne sa vie pour sauver celle des autres. Ce n’est pas une belle histoire. C’est la vérité qui s’actualise à chaque sacrement désiré et reçu.

Saint Pierre n’a jamais cessé soutenir les premiers chrétiens de Rome, jusque dans les arènes. Il a vacillé. Le Christ lui a dit : quo vadis ? Il est retourné à Rome pour confirmer ses frères, jusqu’à la mort. Karl Leisner a porté Jésus Hostie, malade, au péril de sa vie, à tant de prisonniers, pour leur plus grand réconfort, que ce soit dans ce mouroir innommable de l’infirmerie ou dans les champs cultivés par les kommandos… Son ordination sacerdotale, organisée, en cachette, en plein de camp de concentration, a non seulement ravivé foi, l’espérance et la charité chez tant de chrétiens, prêtres ou laïcs mais aussi imposé le respect à tant de prisonniers, juifs ou protestants.

Pourquoi ? Parce que le prêtre est d’abord l’homme du sacrifice de l’autel, le ministre des sacrements, mais aussi le pasteur qui guide le troupeau sur les voies de la sainteté, et qui se gène pour lui, pour son unité et pour le bien être de chacune de ses brebis.

Cela ne peut pas se faire derrière un bureau, derrière un écran ou dans une sacristie d’une église vide. Cela ne peut se faire ni de manière exclusive, virtuelle ni à distance, en tout cas pour un moment toujours trop long. Personne ne peut apprendre à nager ou être sauvé de la noyade à distance.

En ce moment, et nous l’entendons, on pourrait croire que le prêtre est presque rien sans les fidèles. Comme le beurre sans sel, il est moins bon, certes. Cependant, l’existence du beurre ne dépend pas du sel. Aussi, avant toute chose, le prêtre n’est rien sans le Christ. Et le Christ a choisi de ne rien faire sans le prêtre. Il ne s’agit pas pour le prêtre de le savoir mais il lui importe de le vivre… Seul le sacrement de l’ordre est grand en lui. Le Christ pourrait dire à son prêtre tous les matins : Prêtre, mon ami, qu’as-tu que tu n’es reçu ?… Prêtre, mon ami, qu’es-tu que tu n’es l’instrument ?…

Pour saint Thomas d’Aquin le sacerdoce est l’apprentissage permanent du sacrifice de la croix. Le prêtre va donc devoir apprendre à son tour à devenir victime à la suite du Christ afin de pouvoir pleinement le donner aux âmes. Après son ordination toutes ses actions prendront donc une dimension sacerdotale, c’est-à-dire orientées vers et pour le sacré, vers et pour la sanctification du peuple qui lui est confié. Par son célibat, sa disponibilité, son obéissance, sa relative pauvreté, donnant sa vie en tant qu’ami du Christ, son sacrifice sera progressivement assimilé à celui du Christ, et alors petit à petit c’est véritablement le Christ qui agira par lui. Le prêtre est censé ainsi donner sa vie pour donner le Christ afin de sauver la vie des hommes. La vie de Dieu reçue dans la grâce, est bien plus essentielle à la vie de l’homme que toute autre nourriture. Comment peut-on savoir que pour tel homme pécheur, l’heure de sa conversion et de sa rédemption n’était pas avant-hier, ou aujourd’hui, qu’il a chercher à frapper et que personne n’était là pour lui ouvrir ?

En cette période de quasi jeûne sacramentel, le risque est grand que le prêtre oublie ce qu’il est, ce pourquoi il a été choisi et s’est donné, en inventant d’autres choses, des animations ou des divertissements qui ne donnent par la grâce du Christ, nourriture essentielle de nos âmes. Cette eau promise à la Samaritaine, par laquelle, l’âme n’a plus jamais soif. Il serait terrible que les fidèles n’en ressentent plus le besoin de la recevoir, mais il serait bien pire encore que les prêtres ne ressentent plus la nécessité de l’offrir ou de la donner. Finalement, qu’il ne croit plus en son sacerdoce.

Mes biens chers amis, le sacerdoce est un don immense de Dieu, dans un vase bien fragile et imparfait… Cependant, il ne peut exister sans vous, on seulement sans vos prières, sans votre soutien de toute sorte… mais aussi et surtout sans une vie chrétienne authentique menée dans vos familles où l’on apprend patiemment par l’éducation les vertus nécessaires pour persévérer sur le chemin de la sainteté. C’est dans vos familles que monte la pâte humaine. La grâce ne supprime jamais la nature. L’éducation chrétienne pétrit les âmes à l’école de la vertu… Si vous voulez des prêtres qui restent aux pieds de l’autel et continuent de marcher à la suite du Bon Pasteur, vers tous, sur tous les chemins, éduquez des âmes trempées et persévérantes… Personne d’autre que vous ne peut le faire… Enseignez la persévérance, c’est à dire la persistance au bien jusqu’à son accomplissement. Importance de la persévérance… Mes biens chers frères, on ne peut aimer sans volonté, on ne peut prouver notre amour sans acte de courage. Notre monde moderne et numérique veut nous faire croire le contraire, tout est accessible en un clic, sans effort… Rien n’exige une réponse… Alors, comment écouter Dieu comme suivre le Christ dans cette atmosphère… Et pourtant hier comme aujourd’hui, des âmes sacerdotales doivent fleurir, peuvent s’épanouir ! Ayons confiance ! Le Seigneur offrent ces mots d’ordre qui sortent de son Cœur, à ses apôtres et tous les prêtres : Faites ceci en mémoire de moi, paissez mes brebis, « surtout celle qui est égarée ou loin »… mais aussi prenez votre croix, vous serez persécutés… Alors vous serez prêtres et pasteurs, autre Christ. Mes biens chers frères, nous avons besoin de prêtres qui soient les visages et les mains du Christ car nous ne pouvons vivre sans la grâce de Dieu.

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il !

Abbé Le Roux

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